AFRIQUE/ R.D. CONGO - L'M23 serait responsable du massacre de Bukavu ; les Wazalendo réorganisent la résistance

lundi, 3 mars 2025 guerre civile  

Kinshasa (Agence Fides) – « Selon un témoignage crédible, les deux explosions qui ont frappé la foule à Bukavu sont attribuables au M23 » déclare à l'Agence Fides une source locale de la capitale du Sud Kivu.
Le 27 février, à la fin du rassemblement organisé sur la Place de l'Indépendance par Corneille Nanga, coordinateur de l'AFC (Alliance du Fleuve Congo, la branche politique du M23), deux bombes à main ont explosé, faisant 13 morts et une centaine de blessés. Le double attentat avait été attribué par le M23 aux autorités de Kinshasa, mais au moins trois versions sur les responsabilités du massacre ont émergé (voir Fides 27/2/2025).
Notre source, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité, reconstitue maintenant les événements comme suit : « Selon un témoin, blessé lors du double attentat, à la fin du discours des 'nouvelles autorités', sur la place de l'Indépendance, les jeunes ont été invités à s'enrôler dans le M23 ; alors que la plupart des spectateurs quittaient la place, certains jeunes ont commencé à chanter 'Rwandais, rentrez chez vous'. Cela a agacé les miliciens du M23 qui avaient pris position pour surveiller l'événement. Il y avait notamment des miliciens postés sur deux camionnettes placées de part et d'autre de la place. Une bombe à main a été lancée depuis la première camionnette, faisant les premières victimes. De l'autre côté de la place, une deuxième grenade a été lancée depuis l'autre camionnette, faisant d'autres morts et blessés. Au moins une personne a également été touchée à la tête par un coup de feu et se trouve maintenant dans le coma. Que le M23 soit responsable du massacre - poursuit notre source - est confirmé par le fait que la zone des deux explosions a été immédiatement encerclée par les miliciens, qui ont empêché de ramasser les éclats des grenades. Le lendemain, la place était parfaitement propre, sans aucune trace des bombes ni du sang des victimes.»
La source de Fides ajoute que les conditions de sécurité à Bukavu restent précaires. « Dans la ville, les morts continuent d'être nombreux car en l'absence de police et de prison (incendiée lors de la prise de la ville, voir Fides 20/2/2025), les gens ont recours à la soi-disant « justice populaire » pour se défendre contre la délinquance. Cela se produisait déjà auparavant contre les voleurs et les agresseurs ; craignant qu'en les remettant à la police, ces derniers puissent être libérés pour ensuite se venger de ceux qui les avaient dénoncés, certains préféraient recourir à une justice plus expéditive en tuant et en brûlant les voleurs et les agresseurs. Mais maintenant, cela est devenu plus fréquent ; le 27 février seulement, cinq personnes accusées de divers vols ont été retrouvées assassinées dans un quartier de la ville. Telle est la situation d'une population abandonnée à elle-même ».
Enfin, selon notre source, « après la fuite des soldats de l'armée régulière, les Wazalendo, les milices locales d'autodéfense, se réorganisent ». « Selon les témoignages recueillis, le 1er mars, une formation du M23 a été victime d'une embuscade près de Minova par les Wazalendo qu'ils pourchassaient. On parle d'une cinquantaine de victimes parmi les M23. Les combats de ces derniers jours se concentrent dans la région de Nyangesi, point stratégique le long de la route qui part de Bukavu et mène à la plaine. Le M23 se trouve cependant à Kamaniola tandis que les Wazalendo sont attestés dans une localité voisine.»(LM) (Agence Fides 3/3/2025)


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