Banmaw diocese
Banmaw (Agence Fides) – Le centre pastoral situé dans l'enceinte de l'église catholique Saint Michel, à Nan Hlaing, dans une zone rurale du Diocèse de Banmaw (Myanmar septentrional), a été touché et détruit par un bombardement de l'armée birmane. « 5 balles et 2 bombes aériennes tirées contre le complexe de notre église ont touché la structure mais n'ont blessé personne », rapporte le jésuite Wilbert Mireh, qui aide le curé dans une église qui a plus de cent ans d'histoire.
Le jésuite explique que, pour raconter l'accident, qui s'est produit le 3 mars, il a dû se rendre dans un endroit éloigné, près de la frontière avec la Chine, pour trouver un endroit avec de l'électricité, une connexion Internet et pouvoir communiquer avec le monde extérieur. « L'électricité, le téléphone et les services ont été complètement coupés dans notre région depuis juillet 2024 », dit-il. Banmaw, une localité de l'État de Kachin, se trouve à 186 km au sud de la capitale de l'État, Myitkyina, et compte environ 65 000 habitants, principalement des Kachin, mais aussi des Bamar, Shan et Han. « Le bombardement a causé des dommages à la structure, mais aucun mort. Nous remercions Dieu d'être en vie, bien qu'ici les gens aient du mal à survivre, il n'y a ni écoles, ni cliniques, ni commerce », poursuit le père Mireh. « Après la énième attaque, les fidèles se confient et prient pour que l'archange Michel nous protège. Les jeunes et les enfants chantent et invoquent également Saint Michel pour qu'il soit notre bouclier et notre défense », raconte-t-il.
« Nous célébrons habituellement la messe sous les arbres, car rester dans l'église est trop dangereux et le bâtiment a déjà été touché et endommagé. Mais je dois dire que, malgré la souffrance et les conditions précaires, la foi et l'esprit sont forts, les fidèles prient chaque jour pour que le Seigneur, par l'intermédiaire de l'archange Michel, continue à nous protéger et à veiller sur nous.
Le père Mireh est le premier jésuite birman, ordonné prêtre en 2013, et il fait aujourd'hui partie des quelque 30 jésuites birmans. Après avoir exercé son ministère pastoral à Loikaw, il a été envoyé à Banmaw où, en plus de la pastorale des fidèles, il s'est toujours consacré à l'apostolat social et à l'éducation. « Aujourd'hui, ce sont les enfants qui n'ont pas d'école, une conséquence grave du conflit civil », note-t-il. Le père Mireh conclut : « Malgré la peur et le malaise, fermes dans notre foi, nous continuerons à vivre pour le bien, la vérité et la justice. »
Le contexte dans lequel se trouve aujourd'hui la communauté catholique locale est celui de l'État de Kachin, dans le nord de la Birmanie, où se déroule une violente confrontation entre l'armée régulière et celle de la minorité ethnique Kachin, qui a conquis des positions près de la ville de Banmaw. L'Armée pour l'indépendance kachin (KIA), qui lutte pour l'autodétermination de l'État, est l'une des milices ethniques les mieux organisées, active depuis des décennies, qui se sont jointes à la résistance contre l'actuelle junte militaire au pouvoir. Dans l'État de Kachin, l'armée birmane a dû se retirer d'une grande partie du territoire et continue seulement à marteler la région de tirs d'artillerie et de bombardements aériens. Selon des sources locales, en raison de la bataille en cours pour le contrôle de Banmaw, la plupart des habitants de la ville ont fui, et seuls environ 20 000 résidents restent dans la ville. Les personnes déplacées ont trouvé refuge dans les forêts et les villages environnants, avec peu de ressources pour subvenir à leurs besoins.
Le diocèse de Banmaw est situé dans la partie sud-est de l'État de Kachin, dans la zone frontalière avec la Chine. Au cours des dernières années, avant même le coup d'État de 2021, le conflit entre l'armée régulière du Myanmar et l'Armée de l'indépendance du Kachin (KIA) avait déjà provoqué le déplacement de plus de 120 000 personnes. La guerre s'est intensifiée et, au cours des deux dernières années, elle a touché neuf des treize paroisses du diocèse, augmentant le nombre de réfugiés.
(PA) (Agence Fides 5/3/2024)