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par le Cardinal Luis Antonio Gokim Tagle
L'Agence Fides publie l'homélie prononcée par le cardinal Luis Antonio Gokim Tagle aujourd'hui, vendredi 25 avril, lors de la messe qu'il a présidée avec la communauté de travail du Dicastère pour l'Évangélisation en suffrage de l'âme du Pape François, dans la chapelle des Rois Mages, au Palais de la Propagande Fide :
Rome (Agence Fides) - En ce vendredi de l'octave de Pâques, nous rendons grâce au Seigneur ressuscité qui nous forme comme son corps de disciples et de témoins. Tout en continuant à contempler avec émerveillement la présence et l'action renouvelatrice du Seigneur ressuscité, attestée par nos lectures scripturaires, nous offrons également nos prières ferventes pour le Pape François, qu'il puisse jouir de l'étreinte éternelle du Père miséricordieux.
L'Évangile raconte l'activité de pêche de Simon Pierre et de six autres disciples après la résurrection. Cette nuit-là, ils n'ont rien pris. Le bateau est revenu vide, ce qui signifiait qu'il n'y aurait rien à manger et que leur ferveur s'était éteinte. Le Seigneur ressuscité, même s'ils ne l'ont pas reconnu, a remarqué leur vide. Il leur a dit de jeter le filet à droite du bateau. Ils prirent une quantité abondante de poissons. Il transforma leur vide en plénitude. Qui est-ce ? Qui est cet étranger ? Le disciple bien-aimé dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! ». Avec les yeux de l'amour, le disciple bien-aimé discerne, identifie et proclame la présence du Seigneur ressuscité.
Lorsque le travail, la vie et les projets nous semblent vides, ne perdons pas courage. Regardez autour de vous. Ouvrez vos oreilles. Le Seigneur ressuscité est proche et pourrait vous indiquer une nouvelle direction, même si elle semble absurde. N'insistez pas sur votre idée ou votre projet lorsqu'il s'avère déjà vide. L'orgueil obstiné mène au vide. Laissons le Seigneur ressuscité nous guider. Il prend les poissons, nous n'avons qu'à tirer le filet vers le rivage. Lorsque nous nous émerveillons de la pêche que nous n'avons pas faite, nous déclarons : « C'est le Seigneur ».
C'est la même annonce que Pierre et le disciple bien-aimé ont faite au peuple, aux chefs, aux anciens et aux scribes qui mettaient en doute leur pouvoir de guérir l'homme estropié depuis sa naissance. Ils ont dit : « Au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen... cet homme a été guéri ». C'est le Seigneur !
Nous sommes habitués au tandem Saint Pierre et Saint Paul. Mais nos deux lectures mettent en évidence un autre tandem : la collaboration entre Saint Pierre et le disciple bien-aimé. Dans l'Évangile de Jean, le disciple bien-aimé n'est pas nommé, bien que la tradition l'ait associé à saint Jean lui-même. Le disciple bien-aimé ouvre les yeux de Pierre pour qu'il reconnaisse le Seigneur et ses actions dans les activités de Pierre. Je veux croire que le disciple bien-aimé aide Pierre à rester humble, en attribuant toujours au Seigneur, et non à ses propres efforts, chaque pêche fructueuse et chaque bonne action.
Chacun de nous a besoin de Pierre et du disciple bien-aimé dans son cœur. Un Pierre qui agit et un disciple bien-aimé qui montre Jésus, source de notre fécondité.
Dans cette messe, prions le Père miséricordieux d'accueillir dans son Royaume notre bien-aimé Pape François. Au cours de ces douze années, il a été le Successeur de Pierre. Mais je l'ai aussi connu comme le Disciple bien-aimé.
Nous étions ensemble au Synode des évêques sur l'Eucharistie en 2005 en tant que délégués de nos conférences épiscopales respectives. À la fin du Synode, nous avons tous deux été élus au Conseil ordinaire du Synode des évêques pour un mandat de trois ans. En 2008, nous avons été rapporteurs au Congrès eucharistique international de Québec, au Canada. Il représentait l'Amérique latine et moi l'Asie. Je lui ai souvent fait part de ma connaissance limitée des thèmes qui m'étaient assignés et de mon manque de préparation pour les discours. Mais il ne manquait jamais de m'encourager, de m'aider à voir la main du Seigneur. De Buenos Aires, il m'écrivait des lettres de félicitations lorsqu'il apprenait quelque chose de bien que j'avais fait. Mais je ne répondais à aucune d'entre elles. Il croyait en moi plus que je ne croyais en moi-même.
Pendant les réunions, il plaisantait toujours avec moi. Nous prenions ces plaisanteries au sérieux. Pour le conclave de 2013, nos vols sont arrivés à l'aéroport de Fiumicino à quelques minutes d'intervalle. En me voyant, il m'a dit : « Que fait ce garçon ici ? ». À quoi j'ai répondu : « Et que fait ce vieil homme ici ? ». Quelques jours plus tard, j'ai dû l'appeler « Votre Sainteté ».
Quand j'ai été appelé à travailler à la Curie romaine, je pensais que c'était une blague. Finalement, c'était une blague sérieuse. Pour me rattraper de toutes les lettres auxquelles je n'ai pas répondu, cette fois-ci, j'ai dit oui. Je suppose que, à ses yeux, je suis toujours un enfant. Lors de mes audiences privées avec lui, sa première question était toujours : « Comment vont tes parents ? ». Avant de s'occuper des documents et des « affaires », il me rappelait mes parents et moi-même quand j'étais enfant.
Il y a beaucoup de choses à retenir et à célébrer chez le Successeur de Pierre, qui est un disciple bien-aimé, mais permettez-moi de conclure par une expérience vécue lors de sa visite pastorale aux Philippines en 2015. Il a été surpris de voir les millions de personnes qui l'ont accueilli à son arrivée à Manille. Avant de descendre de la papamobile à la Nonciature Apostolique, il m'a demandé : « Combien avez-vous payé ces gens ? ». J'ai répondu immédiatement : « Je leur ai promis la vie éternelle s'ils saluaient le Successeur de Pierre ». Devenant sérieux, il a dit : « Ils ne sont pas sortis pour me voir. Ils sont venus pour voir Jésus ».
Le disciple bien-aimé a un autre nom, Pierre.
(Agence Fides 25/4/2025)