AFRIQUE/NIGÉRIA - « Le chômage des jeunes est une bombe à retardement », met en garde le Président de la Conférence épiscopale

lundi, 10 mars 2025 evêques   chômage   jeunes   violence   faim  

Abuja (Agence Fides) – « L'inflation des denrées alimentaires a atteint 39,84%, rendant presque impossible pour les familles de se permettre trois repas par jour ». C'est l'appel à l'aide lancé par Lucius Ugorji, archevêque d'Owerri et président de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN), à l'ouverture de la première Assemblée plénière de la CBCN de cette année à Abuja.
« Les statistiques sont alarmantes, 129 millions de Nigérians vivent aujourd'hui dans la pauvreté. Les palliatifs et les programmes d'aide temporaires ne suffisent pas. Nous avons besoin de solutions durables qui s'attaquent aux causes profondes des difficultés économiques », a souligné Mgr Ugorji dans son discours qui a eu un large écho dans les médias nigérians.
Tout en reconnaissant que « les réformes économiques introduites par l'administration du président Bola Tinubu visent à stabiliser l'économie à long terme », ces dernières, selon le président du CBCN, « ont fait monter l'inflation en flèche, réduisant considérablement le pouvoir d'achat des Nigérians et plongeant des millions de personnes dans la pauvreté ».
« La Banque mondiale estime que 129 millions de Nigérians vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. Le Rapport mondial sur la crise alimentaire de 2024 classe le Nigéria au deuxième rang mondial en termes d'insécurité alimentaire aiguë, avec 24 millions de personnes classées comme étant en situation d'insécurité alimentaire », déclare Mgr Ugorji.
Le président du CBCN a qualifié le taux élevé de chômage des jeunes, actuellement de 53 %, de « bombe à retardement ».
Selon Mgr Ugorji, l'augmentation des activités criminelles telles que les enlèvements, les vols à main armée, la fraude informatique, la toxicomanie, le sectarisme et les meurtres rituels (y compris les sacrifices humains) est directement liée au désespoir de millions de jeunes Nigérians sans emploi.
« La situation est encore aggravée par les licenciements massifs dus à l'effondrement de nombreuses entreprises sous le poids d'un climat économique difficile et hostile », a ensuite rappelé l'archevêque d'Owerri
« Nous ne pouvons pas nous lasser de demander à tous les niveaux du gouvernement de prendre au sérieux le chômage des jeunes. Tant qu'il n'y aura pas de création massive et continue d'emplois, le gouvernement pourrait continuer à perdre la guerre contre l'insécurité et la criminalité violente », a averti le président du CBCN. « En outre, nous devrions continuer à faire appel aux dirigeants corrompus, qui pillent les caisses publiques, pour qu'ils prennent conscience des dangers de provoquer la population à réaliser le changement par une révolte violente. Ils devraient tirer les leçons de l'histoire des révolutions. »
« Pour inverser cette triste tendance, il est nécessaire de soutenir les droits fondamentaux. Nous devrions insister sans relâche sur une bonne gouvernance qui soit ancrée dans des élections générales libres, équitables et crédibles. Nous devrions continuer à donner du pouvoir à notre peuple par le biais de l'éducation civique et de l'enseignement social de l'Église », a-t-il conclu.(LM) (Agence Fides 10/3/2025)

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