PPCRV
Manille (Agence Fides) – Dans un contexte électoral caractérisé par des événements retentissants et des déclarations qui polarisent les électeurs, les Philippines se préparent à des élections de mi-mandat, fixées au 12 mai 2025, au cours desquelles les citoyens voteront pour élire 12 sénateurs, l'ensemble de la Chambre basse du Parlement et des milliers de représentants régionaux et locaux.
La campagne électorale, qui a débuté le 11 février, a été marquée par l'affaire Rodrigo Duterte, l'ancien président arrêté pour crimes contre l'humanité sur mandat de la Cour pénale internationale (CPI). Duterte est toujours en lice en tant que candidat à la mairie de Davao City, bien qu'il soit détenu par la CPI, comme l'a confirmé la Commission électorale philippine (Comelec), précisant que Duterte ne s'était pas retiré et n'avait pas été disqualifié de la candidature à la mairie de la ville où il a commencé sa carrière politique et où il a déjà été maire pendant 22 ans, avant de devenir président des Philippines en 2016.
Lors des élections de 2022, remportées par le président Ferdinand Marcos Jr., des organisations et des observateurs tels que le Réseau asiatique pour des élections libres (ANFREL) ont mis en évidence des problèmes répandus tels que le trafic de voix, les campagnes de désinformation et même l'abus de ressources publiques par les fonctionnaires qui se présentent à des fonctions publiques.
Le « Conseil pastoral paroissial pour le vote responsable » (PPCRV), organisme ecclésial appelé par la communauté civile à surveiller les élections pour en assurer la transparence, a signalé certains facteurs très préoccupants : les déclarations sexistes de certains candidats, qui manifestent de la violence et du mépris envers leur prochain ; la présence encombrante des dynasties politiques dans le paysage philippin ; l'impact significatif des médias sociaux sur les acteurs impliqués dans les élections philippines, en particulier dans les contextes locaux. « Le déroulement de la campagne électorale, a déclaré Evelyn Singson, présidente du PPCRV, nous rappelle que le vote est sacré et que nous devons discerner et sélectionner en fonction de valeurs clés », telles que celles promues par le PPCRV, à savoir « la crainte de Dieu, l'honnêteté, l'éducation, l'assiduité, la disponibilité, le soin et l'amour du bien commun ».
La lutte contre les « dynasties politiques », l'un des facteurs alimentant le phénomène de la corruption, est l'objet spécifique d'une pétition adressée à la Cour suprême par un groupe de citoyens comprenant des avocats, d'anciens juges, des représentants d'organismes de la société, certains évêques catholiques et des représentants d'organisations ecclésiastiques. La Constitution des Philippines de 1987, rappelle la pétition, interdit les dynasties, mais le Congrès n'a jamais légiféré en la matière. C'est pourquoi il est demandé - comme cela a déjà été fait en 2012 - d'approuver un projet de loi spécifique qui définisse et interdise les dynasties politiques. Selon les données fournies par les ONG, les clans dominent la politique : actuellement, un quart du Sénat est composé de trois familles seulement, tandis qu'à la Chambre, huit sièges de district sur dix appartiennent à des dynasties familiales.
À l'approche des élections, les évêques des Philippines ont signé une lettre pastorale intitulée « Soyez soucieux du bien-être des autres », dans laquelle ils invitent les électeurs à utiliser leur vote pour protéger la liberté et garantir le bien commun. « Nous devons améliorer la vie de notre peuple, en particulier celle des pauvres et des personnes vulnérables. C'est la responsabilité première d'un serviteur public », peut-on lire dans la lettre de la Conférence épiscopale des Philippines, qui a été lue lors des messes dominicales dans tout le pays. « Nous avons besoin de dirigeants et de législateurs compétents, animés de sincères intentions de servir le bien-être de nos communautés, à savoir les municipalités, les villes, les provinces et le pays tout entier », affirme la lettre.(PA) (Agence Fides 8/4/2025)