EUROPE/ITALIE - Témoignage de Roseline Hamel au « Jubilé des communicateurs » : « Le pardon est une force de paix et d'espérance »

lundi, 27 janvier 2025 martyrs   dialogue   paix   djihadistes   jubilé   pardon  

par Pascale Rizk

Rome (Agence Fides) - Dans un « monde qui s'écroule partout », où tant de personnes finissent par se livrer au mal même « par facilité », il y a aussi d'autres hommes et femmes de foi et de bonne volonté qui vivent et témoignent de « la bien et de l'amour par-dessus tout ». Et il vaut toujours la peine de s'émerveiller de leurs histoires et de les raconter.

Ce sont des paroles d'humanité et d'espérance que Roseline Hamel - sœur du Père Jacques Hamel, le prêtre égorgé en Normandie le 26 juillet 2016 par deux jeunes fanatisés par la propagande djihadiste - a voulu transmettre aux personnes qui ont participé à la rencontre de l'après-midi du samedi 25 janvier à l'église Saint Louis des Français, organisée à l'initiative de la Fédération des Médias Catholiques dans le cadre du « Jubilé de la Communication » célébré ce week-end à Rome.

Mme Hamel, 84 ans, arrivée à la réunion en fauteuil roulant, est devenue elle-même un témoin infatigable de son parcours de vie depuis la mort de son frère, tué devant l'autel de son église dans la commune de Saint Etienne du Rouvray, non loin de Rouen. Le visage rayonnant, la voix sereine et ferme, Roseline a quitté son domicile d'Armentières pour la troisième fois en ce moins de janvier afin de poursuivre la commémoration de son frère, tué par ceux qui, dans leurs proclamations de haine, se moquaient même du nom de Dieu.

Quelques semaines après la disparition de son frère, Roseline a dû être opérée d'urgence : elle est tombée malade à cause de la terrible douleur. Puis ella a voulu partir à la recherche de celle qui - pensait-elle - pouvait avoir dans son cœur une douleur similaire à la sienne : la mère d'Adel Kermiche, l'un des deux meurtriers. À partir de ce moment, une histoire de guérison et d'amitié a commencé entre les deux femmes, au-delà des distances et des différences. Une histoire que Roseline continue de raconter chaque fois qu'elle le peut. « Le père Jacques, raconte la femme, chemise blanche et foulard, dans l'église romaine de Saint Louis des Francais, avait commencé à travailler sur le dialogue interreligieux avec la communauté musulmane six ans avant son assassinat. Pour se comprendre, il faut se connaître, et pour se connaître, il faut se parler, malgré les différences qui peuvent nous intimider. Ce n'est qu'en les rencontrant, eux et leurs différences, que nous ne craindrons pas les autres. En partageant nos joies et nos peines, non pas pour nous unir, mais d'abord pour nous comprendre. Nous sommes tous des êtres humains ».

« C'est ainsi que Roseline Hamel a pu restaurer l'humanité dans l'événement spectaculaire, énorme, écrasant de l'assassinat de son frère durant la messe », souligne Samuel Lieven, rédacteur en chef de l'hebdomadaire 'le Pélerin', présent lors de la rencontre.
Roseline s'était également rendue à Rome l'année dernière pour rencontrer le Pape François pour la troisième fois. Elle lui avait remis une homélie du père Jacques, à l'occasion de la remise du Prix Père Jacques Hamel dédié au dialogue interreligieux créé en 2017, décerné à « des témoignages édifiants qui ne font jamais l'impasse sur une souffrance et une douleur inouie par désir de grâce pour les surmonter », a expliqué Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de KTO. Philippe Lansac, directeur général du réseau RCF, est également intervenu lors de cette rencontre, consacrée au thème « Comment les médias catholiques peuvent-ils être des agents de paix ? ».

Dans son intervention-récit, Roseline Hamel a rappelé l'urgence de « provoquer » le dialogue « en allant vers l'inconnu, vers le différent », en reconnaissant que « nous sommes tous enfants de Dieu, et donc nous sommes tous frères, enfants d'un même Père ».

La mémoire du Père Jacques Hamel, a conclu Sœur Roseline, est aussi « la mémoire de sa vie donnée jusqu'au bout dans la foi du Christ, et met en lumière qu'en France et dans le monde, le pardon est une force de paix et d'espérance ».

La cause de béatification du Père Jacques Hamel, annoncée le Jeudi Saint 13 avril 2017, a débuté officiellement le 20 mai 2017. La phase diocésaine de la Cause s'est achevée le 9 mars 2024 dans la Chapelle Notre Dame de l'Annonciation de l'Archevêché de Rouen (Voir Fides 12 /03/2019). À ce stade, 66 audiences ont eu lieu, au cours desquelles ont été entendus les 5 témoins du meurtre, 51 témoins cités (frères, amis, paroissiens et prêtres du Père Hamel) et 5 témoins d'office. Les principales questions concernaient l'assassinat, les conditions du prétendu martyre, la vie du Père Hamel et sa pratique des vertus chrétiennes, ainsi que sa réputation de sainteté et les grâces reçues par son intercession. (Agence Fides 26/01/2025)


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